Magie du Verbe

Selon le clergé de la ville de Memphis, le dieu Ptah a créé le monde par le Verbe, c'est à dire en le nommant.

La parole, dans la magie des anciens Egyptiens, était une des choses les plus importantes à prendre en compte. Seules les consonnes étaient écrites, formant un squelette immuable à travers les siècles, qu'il fallait savoir prononcer. Celui qui pouvait dire une incantation d'une voix claire et forte, en scandant bien les paroles, en psalmodiant correctement le texte, était assuré d'être entendu des puissances divines. Comme Ptah, il maniait le Verbe pour créer quelque chose.







Malheureusement, plus personne ne saurait lire aujourd'hui les anciennes incantations. La langue ancienne a été recouverte par les strates de l'histoire, au fur et à mesure des invasions. Le copte, langue liturgique des chrétiens d'Egypte, est le dernier vestige de ce que pouvait être l'ancienne langue des Pharaons. Mais elle n'a plus grand chose à voir avec son illustre ancêtre...

Pire, la plupart des rituels sont traduits en anglais, en français, et perdent ainsi une dimension essentielle. Pourtant, cela ne veut pas dire que les rituels proposés ici sont inefficaces : dits avec sincérité et conviction, répétés avec assurance, et mis en rimes pour leur donner plus de force, ils ne peuvent qu'attirer l'attention des Neterou (dieux et déesses) auxquels ils s'adressent.

Omniprésence Des Symboles

Tout est important !

Pour l'Egyptien ancien, tout est symbole, tout a une signification, jusqu'à la couleur employée pour peindre certains hiéroglyphes. Tout est important. Et tout fait partie d'un grand équilibre rythmé par la succession des jours et des crues du Nil. Négliger un détail reviendrait alors à briser cette harmonie et éventuellement annuler toute chance de survie dans l'au-delà ! Et comme l'Egyptien ancien est un homme pointilleux, et soucieux de son passage dans l'autre monde, les symboles établis au temps des premiers pharaons ont été transmis pendant plusieurs millénaires, sans jamais changer...


Tout "existe" !

Il y a un autre point très important de la civilisation du Nil qu'il faut prendre en compte si l'on veut comprendre un peu mieux sa spiritualité...
Pour un ancien Egyptien, tout ce qui est représenté, que ce soit en peinture, sculpture, architecture, etc. est doté d'une existence propre. Ainsi, les oreilles sculptées sur un des murs du temple de Kom Ombô écoutaient-elles les demandes des pèlerins. Les oreilles sont représentées, elles existent et fonctionnent ! Cela n'a jamais été mis en doute par les Egyptiens !
De même, le défunt est souvent représenté, dans sa tombe, assis devant une table d'offrandes portant de nombreuses victuailles. Les quantités de pains, de morceaux de viande, de pots de bière... sont énumérées à côté, car il était difficile de représenter les millions de pains nécessaires aux millions d'années passées dans l'au-delà... Mais à partir du moment où un seul pain est représenté, mentionné... il existe vraiment !

Dans certaines pyramides du plateau de Saqqarah, les beaux hiéroglyphes chargés de protéger le roi défunt sont des entités vivantes et immuables, comme les statues. A un point tel que tous les hiéroglyphes représentant des animaux dangereux comme le vautour ou la vipère à cornes, mais pourtant nécessaires à l'écriture des textes religieux, sont mutilés afin de ne pas blesser le pharaon dans son voyage éternel.

Je pourrais vous parler aussi des statues royales de certains pharaons mal-aimés, que leurs successeurs ont mutilées afin de les tuer symboliquement. On trouvera ainsi des statues au nez brisé, ne pouvant plus vivre des offrandes d'encens. Au Louvre, on peut admirer une émouvante statue du jeune Toutankhamon recevant la protection du dieu Amon. Cette statue a vraissemblablement été mutilée par Horemheb, un de ses successeurs après l'obscur pharaon Ay, afin de priver Toutankhamon de toute protection. Les mains du dieu étant mutilées, comment peut-il recevoir une protection divine ?
La reine Hatschepsout a elle aussi été mutilée après sa mort, pour avoir osé porter le titre de Pharaon, réservé aux hommes : ses statues ont été martelées pour en faire disparaître le nom, ses obélisques ont été cachés par de hauts murs, etc. Le pharaon hérétique Amenhotep IV/Akhenaton a quant a lui été la cible du clergé d'Amon, qui a effacé son nom de certains de ses monuments, qui en a détruit certains autres, pour faire oublier ce roi trop peu orthodoxe...
Les tombes portaient souvent une petite stèle, demandant au visiteur d'en lire l'épitaphe à haute voix, car le simple fait de prononcer une petite phrase à priori anodine permettait au défunt de vivre dans l'au-delà. Il n'y avait pas pire châtiment pour un condamné que l'effacement de tous ses noms, son oubli total...

D'autre part, puisque "tout existe", les Egyptiens n'ont eu aucun mal à créer de puissantes amulettes ou poupées d'envoûtement... Les amulettes ont souvent la forme d'animaux sacrés, de dieux, ou d'attributs de divinités (noeud d'Isis, sistre d'Hathor, oeil d'Horus...) tandis que les figurines destinées à l'envoûtement sont généralement à l'image de la personne à ensorceler. Il existait aussi des formules d'exécration, où l'on écrivait le nom d'une personne sur une poterie avant de briser celle-ci. Nous en parlerons plus longuement plus tard :)

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Version 1.1 - Page créée le 27 Novembre 2003